La fr2s pour répondre aux challenges du recrutement au Luxembourg

Rencontre avec Nathalie Delebois (Directrice de DO Recruitment Advisors) et Gwladys Costant (Directrice de GoToFreedom Executive Search & Recruitment), les deux co-présidentes de la fr2s – Federation for Recruitment Search & Selection – pour évoquer les missions de celle-ci, ses projets futurs, mais également l’évolution du rôle de recruteur ou les tendances du secteur.

Créée sous l’égide de Fedil – Fédération des industriels luxembourgeois – il y a maintenant deux ans et demi, la fr2s est l’unique association dédiée aux professionnels du recrutement permanent au Luxembourg. Avec sa vingtaine de membres et plusieurs dossiers déposés par les recruteurs luxembourgeois et actuellement à l’étude, mais également grâce à son affiliation avec la Fedil, la fédération continue son expansion avec pour mission de fédérer ce nouvel écosystème et ainsi de créer de nombreuses interconnections avec les acteurs publics, privés et institutions luxembourgeoises. Pour Nathalie Delebois, “il s’agit d’une véritable plateforme d’échanges qui permet aux membres de la fédération de discuter des tendances du secteur et de répondre aux besoins des différents acteurs”. Cette cohésion d’acteurs concurrents mais avant tout confrères permet un échange libre et bienveillant. La co-présidence précise également que chaque membre s’engage à être un ambassadeur de la fédération et insiste sur la mise en place d’une clause de non-débauchage : “de par notre métier, nous sommes des intermédiaires entre les candidats et les clients, il est donc important de montrer l’exemple et d’en respecter les règles”.

Les premiers mois de la fédération ont d’ailleurs été dédiés à la création d’un code de déontologie. Comme l’explique Gwladys Costant, “la profession du recrutement n’est pas règlementée, mais il était important de donner de repères et de se mettre d’accord sur les bonnes pratiques du secteur”. Ce code a depuis évolué, notamment avec la mise en application, le 25 mai dernier, du RGPD – Règlement général sur la protection des données – qui adresse nécessairement la collaboration entre clients, candidats et cabinets de recrutement. “Il a été nécessaire de revoir certains aspects concernant la confidentialité des données, la transparence dans les méthodes de sourcing, etc,” explique Gwaldys Costant. Dans le cadre de cette nouvelle législation européenne, plusieurs formations ont été organisées, de même que plusieurs sessions en groupes de travail afin d’accompagner au mieux les membres dans leur mise en conformité.

Les mois à venir seront, quant à eux, dédiés à la création d’un label de qualité, avec en parallèle la mission sous-jacente visant à développer cet écosystème au-delà des acteurs du recrutement.

Œuvrer à la promotion du Grand-Duché de Luxembourg

En effet, pour les deux expertes RH, l’objectif principal de la fédération est de promouvoir l’emploi au Luxembourg, mais également de valoriser l’image du Grand-Duché, qu’elles définissent toutes deux comme dynamique, au-delà de la Grande-Région. “Pour cela, il était tout d’abord nécessaire de fédérer les membres, puis d’amorcer un rapprochement avec différentes associations, actives dans des secteurs variés : cette plateforme que nous développons n’a de sens que si elle est connectée aux autres acteurs du marché, et elle pourrait même dépasser les frontières luxembourgeoises,” expliquent-elles.

La fédération travaille également main dans la main avec les institutions publiques et gouvernementales, comme le prouve la convention de collaboration signée avec l’Agence pour le développement de l’emploi – ou Adem – au début du mois de juin. “L’idée est ici d’unir nos forces dans la promotion de l’emploi et donc de lutter contre le chômage. Nous sommes dans un contexte favorable, avec de nombreux profils qualifiés ainsi que des jeunes diplômés enregistrés auprès de l’Adem”, précise Gwladys Costant. Les activités des uns et des autres sont complémentaires et permettront un meilleur référencement – et donc échange – des candidats, entreprises et cabinets de recrutement. Nathalie Delebois explique : “la fr2s et ses membres s’engagent à utiliser régulièrement le jobboard de l’Adem, à considérer les demandeurs d’emplois référencés, à informer leurs clients sur les aides proposées par l’Agence pour l’emploi, mais également à mettre en place des ateliers de recrutement, etc. De son côté l’Adem enverra aux cabinets les candidatures pertinentes, garantira l’accès à ses outils, et bien plus encore”. Des sessions de formations seront également organisées entre l’Adem et la fr2s, afin de répondre à l’important challenge de l’évolution des compétences, et sur une nécessaire anticipation.

Vers le conseil et l’accompagnement

Le contexte actuel de transformation digitale – et donc culturelle – des entreprises, coïncide avec l’avènement de nouvelles technologies et la création de nouveaux métiers, et place le candidat au cœur des stratégies : celui-ci se retrouve en position de force et consomme sa carrière comme tout autre bien de consommation. Ainsi, c’est l’essence même du métier de recruteur qui s’en voit modifiée. Pour Gwladys Costant, on assiste à la démocratisation du métier de recruteur, à son ubérisation : “Aujourd’hui, beaucoup pensent que l’on peut facilement s’improviser recruteur, en pratiquant une chasse plus ou moins déontologique. Cela est également dû à la montée en puissance des réseaux sociaux, qui permettent de sourcer les candidats”. Ainsi, pour les co-présidentes de la fr2s, c’est vers le conseil et l’accompagnement que doivent se tourner les cabinets de recrutement : “il est préférable de construire une relation équilibrée, seine et sur le long terme, pour ainsi permettre une véritable création de valeur, plutôt que de privilégier l’instantané, une connexion de profil à profil, et cette nouvelle forme de consommation de carrière. Le contact humain reste la clé d’un recrutement réussi : il persiste une différence importante entre les métiers de sourcer et de recruteur”.

Les expertes, via la fédération, s’intéressent également à la tendance de l’urgence. Les cabinets de recrutement sont effectivement confrontés aux demandes urgentes de leurs clients. “On nous demande aujourd’hui de recruter à la vitesse de l’intérim, avec des délais très courts de quelques semaines, voire même quelques jours. Si la flexibilité est importante, il est impératif de continuer à respecter les bonnes pratiques du secteur, ainsi que le code de déontologie établi par la fédération, et ainsi de ne pas céder à la pression des clients – et candidats – sur les cabinets, afin de continuer à apporter un conseil et un service de qualité,” concluent Nathalie Delebois et Gwladys Costant.

Alexandre Keilmann

Publié le 26 juin 2018 sur hrone.lu

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